Improvisons autour de l'Agilité

de l'agilité, de la gestion de projets et de l'improvisation!

Agile France, c’était le 23,24 mai 2013

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Pendant ces deux jours, je me suis rendu au chalet de la porte jaune à Vincennes pour participer à Agile France.

Pour la petite anecdote, j’ai grandi à moins d’un kilomètre de ce lieu situé au bord d’un joli lac (le lac des Minimes) dans le bois de Vincennes. J’ai dû faire le tour de ce lac des centaines et des centaines de fois enfant puis jeune homme. Je n’avais pourtant jamais mis les pieds dans ce très bel endroit… où le téléphone ne passe pas!

Châlet de la porte jaune, du cielChâlet de la porte jaune,la carte

Je vais essayer de décrire le mieux possible les sessions que j’ai pu voir. Ces deux jours ont été extrêmement denses. Plus d’une semaine après, je ne pense pas encore avoir réussi à tout digérer.

Jeudi 23 Mai 2013:

  • Keynote « From Value to Values »

« Why Management has to change and how IT is inspiring the solution » de Peter Stevens. J’avais déjà lu des écrits de Peter Stevens que je connaissais via Stoos network (réseau de réflexion sur les problématiques autour des notions de leadership). Jurgen Appelo (Management 3.0), que j’avais rencontré au Printemps Agile de Caen , est un important acteur de cette communauté. Ce que j’ai retenu de cette première session, c’est que les organisations doivent aujourd’hui plus se focaliser sur la satisfaction de leurs clients plus que sur la maximisation de leurs profits.  « Delight our customer » vs « Making Money ».

Un petit mot supplémentaire sur le réseau Stoos : ses membres veulent voir évoluer le Manifeste Agile pour l’élargir aux organisations (vision actuelle très orientée développement logiciel) ce qui se résume par le schéma suivant:

Stoos

Lien vers sa présentation: http://fr.slideshare.net/peterstevens75470/from-value-to-values-why-management-has-to-change

  • Atelier RH Team de Yannick Ameur :

Yannick Ameur nous a emmené dans sa session dans les problématiques du recrutement agile. « Une équipe agile, un manager et un RH souhaitent recruter un nouveau membre pour l’équipe« .

Dans un premier temps, les participants ont défini une fiche de poste à partir de mots clés proposés par l’orateur. Cette étape n’a pas été évidente à dix personnes, les caractères des participants se sont révélés: certains ont décidé seuls, d’autres ne se sont pas exprimés! Ils ont ensuite sélectionné des CV (grande quantité de CV fournit par l’orateur) en adéquation avec la fiche de poste. Cette étape a été de nouveau compliquée: difficile de trouver rapidement la perle rare. Au finalement, trois CV ont été retenus et les trois candidats (dont je faisais partie) ont été convoqués.

L’organisation des entretiens pour les 3 candidats n’a pas été la même. Le premier à passer, c’était moi. Je jouais un développeur expérimenté. J’ai vraiment insisté face à la RH et au manager sur mon côté sûr de moi (voire prétentieux!). Au débrief, ce côté arrogant a été ressenti. Le second candidat a été joué par une jeune femme qui a été reçue par l’ensemble de l’équipe. Seuls le manager et la RH ont parlé pendant cet entretien. Elle était assez stressée. Dix personnes face à un candidat qui ne parlent pas, doit être quelque chose d’impressionnant. Son sérieux a cependant remarqué  et sa candidature préférée à celle de mon personnage! Au débrief, Yannick Ameur a insisté sur l’importance de la mise en condition notamment dans la réception du candidat pour instaurer un climat plus convivial. Le troisième candidat a donc été reçu par l’ensemble de l’équipe (tour de table, présentation). Importante différence, le manager et la RH ont été écartés. L’ambiance était  très détendue, voire trop détendue au début. L’équipe a mis du temps à rentrer dans le vif du sujet. Le candidat a lui été vraiment à l’aise. Il a été retenu!

Ce que je retiens de cette session: Le choix de la configuration de l’entretien de recrutement est un paramètre essentiel pour un recrutement agile réussi.

Mon regret sur cette session est dû au temps. Nous n’avons pas eu le temps de faire un bilan sur l’ensemble de l’atelier. C’était la première fois que Yannick Ameur faisait cet atelier. Il y a un vrai potentiel dans cette session!

Lien vers la présentation: http://fr.slideshare.net/yannick.ameur/atelier-rh-team

  • « La dette technique » de François Wauquier et Aurelien Pelletier :

La maitrise de la dette technique est un sujet très important dans les projets de développement logiciel et c’est aussi un sujet qui m’intéresse beaucoup.

Cette métaphore a été  inventée par Ward Cunningham.

 

Un non-respect de la conception, intentionnel ou non, induit des coûts supplémentaires dans le futur. Ce sont les intérêts. C’est pourquoi l’on parle de dette technique, pour montrer l’analogie avec la dette dans les finances des entreprises. Cela sous entend qu’il vaut mieux rembourser la dette un jour plutôt que de continuer à payer sans cesse des intérêts.

 

techDebtQuadrantJ’ai beaucoup aimé la description de la mesure de la dette technique: le nombre de WTF/min. J’ai aussi aimé le cadrant de Martin Fowler (schéma de gauche).

Le principal message que j’ai  retenu  de la session est que la dette technique n’est pas visible et difficilement quantifiable, le challenge repose dans le fait de la rendre visible.

J’attendais beaucoup de cette présentation, certainement un peu trop. La présentation a été très bonne dans la description de ce qu’est la dette technique et l’impact qu’elle a ou peut avoir sur un projet. Dans une autre vie, j’ai développé. J’ai créé de la dette (mon ancien chef me l’a confirmé!). J’attendais beaucoup sur « comment on communique vis-à-vis de cette dette » à une équipe, un client et à un sponsor dans un contexte traditionnel ou à une équipe, un Scrum Master et un PO dans un contexte Scrum.

Livrer souvent, nécessite de faire des choix qui impactent la dette technique.

Une de mes questions: conscient que de la dette technique a été créée par une équipe qui livre produit tôt (pour avoir asap du feedback client), le PO/Client acceptera-t-il  a posteriori de payer les interêts? Mon avis est que la communication avec un Product Owner/Client doit être transparente. Conscient d’avoir eu un produit rapidement et d’avoir de la dette technique, il faut qu’il consente à posteriori un effort. Un avis?

Dommage que Kanban n’ait pas été abordé. La gestion d’un backlog technique permet à l’équipe de garder en tête la dette technique pour pouvoir la rembourser dès que possible.

Il y a un choix à faire et il a été clairement exposé dans la session:il faut choisir entre Dette et Délai dans les projets informatiques.

Lien vers la présentation: http://fr.slideshare.net/wokier

  • « Agilité : Do the right things faster », Pierre Pezziardi :

Pas de présentation en tant que telle, mais un vrai dialogue sur différents thèmes avec les participants. Des questions simples comme « comment êtes vous sure de la satisfaction de vos clients? »… Je suis arrivé un peu tard dans la session, dommage! Je garde le souvenir d’un orateur très à l’aise et dynamique, mais aussi un REX d’une participante autour du développement d’un outil pour le service des douanes qui a caractérisé pour moi la meilleure réponse pour jauger « la satisfaction du client »…Pour cela, le client a été intégré au projet (intégré dans l’équipe de développement)! Pas évident sur tous les projets de mon point de vue. Rester proche de son client est essentiel!

  • « Collaborer, et si on improvisait ?« , Vincent Daviet :

GÉNIAL! Une heure et demi de pur bonheur. Des rires, des applaudissements… Des participants des sessions des salles voisines nous ont dit qu’ils nous avaient entendu!

L’atelier est basé sur une succession d’exercices. Ces exercices sont faits en improvisation pour permettre aux joueurs de se chauffer. Sélectionnées par Vincent Daviet, l’ordre et la pertinence de ces exercices associés à de petites explications ont permis aux participants de voir rapidement les liens entre improvisation et agilité. Collaborer… collaborer… collaborer!

Je ne souhaite pas décrire plus l’atelier car je considère qu’il faut le vivre. J’espère que vous aurez la chance de pouvoir participer à cette session sur un autre évènement agile.

Lien vers la présentation: http://fr.slideshare.net/VincentDaviet/collaborer-et-si-on-improvisait

Site de Vincent: http://babagile.tumblr.com/post/42190362003/collaborer-et-si-on-improvisait-le-jeu

  • « Quand l’agilité s’essouffle« , Vincent Uribe:

Cette session a abordé une problématique rencontrée dans beaucoup de projets agiles lorsque le sponsor ou le moteur agile sort du projet. Vincent Uribe avec un dynamisme incroyable et un humour décapant nous a emmené en Colombie sur des projets agiles qu’il a quittés mais qu’il a continués à suivre pour en voir l’évolution.  Le bilan est impressionnant. Le retour aux anciennes pratiques est quasi-systématique.  Dans sa présentation, Vincent Uribe apporte des propositions de solutions à travers la culture, la pratique et la mesure du succès.

Pendant la session, je me suis rappelé une discussion avec Jurgen Appelo au Printemps Agile de Caen vis-à-vis des laggards(traînards – courbe d’adoption). Il nous disait que si un acteur du changement quitte un projet 6 mois, les laggards qui ne représentent finalement que 16% reprendront le pouvoir et reviendront aux vieilles pratiques.

Pour éviter ce retour en arrière, il faut cultiver l’agilité. Cette session a allié REX et propositions de solutions.

Lien vers la présentation: http://prezi.com/qncwbco0ofsw/quand-lagilite-sessouffle/

  • « 3 semaines pour une product map », Bertrand Dour:

IMAG1365Bertrand Dour nous accompagne autour de la question: Comment aborder les problématiques d’un Product Map? Réponse: A travers les choix d’un groupe de musique qui souhaitent faire un second album (bien meilleur que le premier).

En utilisant 5 outils ou jeux agiles, nous avons réussi à établir notre product Map:

J’avais déjà pratiqué l’ensemble de ces outils dans mes projets mais ne les avais pas enchainés. J’utilise souvent le Speedboat dans des rétrospectives. Dans un objectif d’accompagnement de client dans la définition de son besoin, je trouve l’ordre de ces outils très pertinent. Session très interactive. Présentation toujours aussi belle.

Merci à Bertrand pour cette bonne session.

Vendredi 24 Mai 2013:

Après cette première journée, j’ai attaqué cette seconde partie, par une petite marche dans le bois de Vincennes avec quelques rayons de soleil… le bonheur!

  • « Ce que le sport m’a appris d’agile », Christophe Keromen

Christophe Keromen, que je connaissais pour l’avoir rencontré à un Agile Open sur Rennes et au Scrumday, a réussi dans sa session à créer des ponts entre les sports qu’il a pratiqués et l’agilité.

J’ai aimé son rapport au football  avec  la « Satisfaction personnelle… d’être dans une grande équipe » J-F Jagodzinki.

L’explication du Kayak était très parlante. La stabilité se trouve à pleine vitesse. Si on pagaie trop fort ou pas assez fort… Lui a parlé de tourner en rond, pour moi on se retrouve à l’eau.

La voile nécessite d’avoir du feedback. On retrouve le « Inspect and Adapt » de l’agilité.

Son rapport au Volley est ensuite abordé: « Beauté à voir le ballon rester en l’air… alors qu’irrémédiablement il finira par tomber ». Le Volley, c’est savoir se rendre disponible sans participer à l’action… Laisser émerger la demande.

Son rapport au Tennis est mental. Un nouveau point ou un nouveau jeu est un recommencement. Il nous a parlé de l’importance des rituels pour pouvoir se regrouper. Le Daily Meeting est l’un d’eux.

Cette séance très riche permet de replacer l’agilité dans un autre contexte que l’IT (sujet cher à Christophe). La fluidité de la présentation, les exemples pertinents rendent la session extrêmement intéressante et agréable à suivre.

Lien vers la présentation: http://fr.slideshare.net/ckti/ce-que-le-sport-ma-appris-dagile

  • « Une équipe si particulière », Jean-François Jagodzinksi

Jean-François Jagodzinksi nous a présenté dans cette session un modèle permettant d’identifier les frontières mineures/majeures et internes/externes que l’on peut trouver dans un groupe/une équipe. Il a commencé par identifier sur des groupes connus les frontières que l’on peut trouver (Foule, Assemblée Nationale, Obama day). Nous avons abordé le rapport entre agression de la Frontière Majeure Interne et l’agression du leadership.

Il y a eu un petit débat à la fin sur le vocabulaire belliqueux (utilisation du mot frontière et métaphores de la guerre…). Je l’ai aussi ressenti mais j’ai préféré me focaliser sur le modèle qui je pense peut aider dans des accompagnements à anticiper les choses et à mieux comprendre les interactions entre les personnes.

Ce que j’ai aimé dans cette session, c’est le rapport à l’humain. Le côté psychologique et philosophique de la présentation m’a beaucoup plu. L’agilité à travers sa première valeur nous pousse à mieux comprendre « Les individus et leurs interactions ». J’essaie de plus en plus de cultiver cette branche « psychologie de l’humain » pour la gestion d’équipes.

J’ai eu la chance de pouvoir échanger pendant un bon moment avec Jean-François après sa séance. Comme il me l’a dit, cette session est au cœur d’une formation beaucoup plus large. Cela a éveillé ma curiosité!

  • « Travailler ?  Oui avec plaisir ! », Pierrick Thibault

Dans cette session, Pierrick Thibault aborde un sujet très important: le plaisir au travail. A travers une vidéo puis une présentation, il nous emmène dans l’analyse du plaisir au travail. On ne peut que constater en ce moment, que le mal-être au travail est un des maux du siècle. Je trouve donc très pertinent d’étudier le plaisir au travail qui se impacte directement la motivation au travail.

Ce que j’ai aimé dans cette session:

  • l’interactivité de la vidéo où des gens de milieux professionnels divers, décrivent leur propre vision du plaisir au travail et relatent des faits marquants qui ont impactés ce plaisir.
  • la description des différents types de plaisir au travail (cognitif, interactions humaines, émotionnel et la prise de risque,…)
  • les axes de développements du plaisir par une cartographie des plaisirs.
  • la courbe des plaisirs de la vie professionnelle de Pierrick.

L’ensemble a été ponctué de petits conseils astucieux comme commencer dans une retrospective par ce qui a marché plus que par ce qui doit être amélioré. Très intéressant!

Je n’en ai pas parlé le jour de la présentation mais sur un de mes derniers projets qui s’est arrêté du jour au lendemain… le plaisir des collaborateurs a été comme vous pouvez l’imaginer, un peu frustré du fait de la nouvelle intempestive. Nous avons alors fait une rétrospective du projet. Une grande fresque a été collée au mur. En abscisse, le temps allant du début du projet au jour de la rétrospective. Tous les participants du projet ont été invités à dessiner leur courbe de ressenti vis-à-vis du projet. Le résultat ressemble beaucoup à la courbe de plaisir développée par Pierrick. Après visualisation de cette courbe, les gens ont pris conscience du « plaisir » d’avoir travaillé ensemble pendant cette période. Un moment fort.

Feedback de Vincent Uribe: http:a&//blog.soat.fr/2013/05/agile-france-2013-travailler-oui-avec-plaisir/

Conclusion:

Tout d’abord un grand bravo à l’organisation! Très bel évènement. Deux jours très denses… Ravi!

Je dois aussi reconnaitre qu’au delà des sessions, j’ai eu le plaisir de rencontrer ou revoir des gens très intéressants. Les discussions que j’ai pu avoir dans les travées, ont toujours été constructives et m’ont beaucoup apporté. J’ai apprécié le diner pour échanger et les différentes pauses. Le vendredi, je n’ai pas été à une session pour continuer à discuter avec Jean-François Jagodzinski, hyper constructif!

Mon coup de cœur a été la session de Vincent Daviet: « Collaborer, et si on improvisait ?« . Comme vous l’aurez peut-être constaté, l’improvisation est un sujet qui m’est cher! Ce que j’ai aimé pendant ces 1h30 (à l’heure de la sieste), c’est qu’à travers cette session, j’ai pu créer des liens avec les gens de l’atelier (constatez le par vous même : lien) tout en retrouvant les valeurs et les principes de l’agilité. J’ai aussi beaucoup aimé la présentation de Pierrick Thibault « Travailler ? Oui avec Plaisir ! », qui n’hésite pas à décortiquer les moteurs du plaisir au travail. Je retiens qu’il faut cultiver au moins 3 Plaisirs au travail!

Comme je l’ai déjà dit… même plus d’une semaine après, je n’ai pas fini de digérer l’évènement. Le fait d’écrire m’y a quand même bien aidé.

Si vous avez des remarques, n’hésitez pas.

« C’est tout pour aujourd’hui, mais c’est déjà pas mal! »

S.

Une réflexion sur “Agile France, c’était le 23,24 mai 2013

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